L’armée américaine construit un assistant vocal appelé JUDI, pour contrôler les robots
L’armée américaine est en train de développer une plateforme de renseignement conversationnel qui permettra aux soldats de donner des ordres vocaux aux véhicules robotisés en utilisant le langage naturel. Au lieu d’exiger des ordres formels, l’interface de compréhension et de dialogue interarmées, JUDI, sera capable de comprendre et d’interpréter les intentions de ses ordres, en les clarifiant par des questions si nécessaire.
LA RECHERCHE VOCALE POUR LE GRAND PUBLIC
Dans l’esprit du grand public, la recherche et la commande vocale s’apparentent souvent aux assistants vocaux de Google et d’Amazon. D’ailleurs de plus en plus d’utilisateurs effectuent une recherche sur Google via une requête posée vocalement. Chez Google, l’assistant vocal s’appelle le Google Assistant, qui détient en France la principale part de marché de ce secteur. Amazon quant à lui a développé son assistant vocal appelé Alexa, qui est largement leader aux Etats-Unis en termes d’utilisation par les consommateurs. L’enjeu pour les entreprises de se pencher sur le vocal peut être crucial et c’est bien pour cela qu’elles sollicitent de plus en plus de professionnels du digital. En effet, lorsque l’on pose vocalement une question à son Google Home, l’assistant vocal fournira une seule et unique réponse provenant bien souvent de la position 0 des résultats Google. En d’autres termes, le site d’une marque qui sera bien classé dans Google aura des chances d’être cité vocalement comme unique réponse par l’assistant vocal, ne laissant aucune place aux concurrents.
« OK JUDI »
Le vocal est une technologie prisée également dans l’armée ! Le laboratoire de recherche de l’armée de terre américaine construit l’assistant vocal JUDI en partenariat avec l’Institut des technologies créatives de l’Université de Californie du Sud (University of Southern California’s Institute for Creative Technologies). Leur objectif pour JUDI est de combiner une compréhension du langage informel avec les données de ses capteurs pour saisir le contexte de ses ordres. Dans les robots utilisés pour les tests actuels, des voitures miniatures très avancées, JUDI sera théoriquement capable de prendre une seule commande comme « aller au sommet de la colline » et de combiner les données de la caméra identifiant une colline voisine avec son traitement du langage naturel pour déterminer son objectif et comment l’atteindre, avec des questions de suivi à l’opérateur si nécessaire. La version finale pourra poser des questions de suivi en cas de confusion.
« Le dialogue sera une capacité essentielle pour les systèmes autonomes opérant à plusieurs niveaux d’opérations multi-domaines afin que les soldats sur terre, dans les airs, en mer et dans les espaces d’information puissent maintenir une conscience de la situation sur le champ de bataille », a déclaré le Dr Matthew Marge, l’un des chercheurs, dans une interview à un média américain. Il ajoute : « Cette technologie permet à un soldat d’interagir avec des systèmes autonomes grâce à la parole et au dialogue bidirectionnels dans le cadre d’opérations tactiques où les instructions verbales de tâches peuvent être utilisées pour le commandement et le contrôle d’un robot mobile. En retour, la technologie donne au robot la possibilité de demander des éclaircissements ou de fournir des mises à jour de statut au fur et à mesure que les tâches sont accomplies. Au lieu de s’appuyer sur des informations prédéfinies, et éventuellement dépassées, concernant une mission, le dialogue permet à ces systèmes de compléter leur compréhension du monde en conversant avec des coéquipiers humains ».
LA GUERRES DE ROBOTS
Selon l’armée, les soldats qui contrôlent les robots à l’aide de commandes vocales vers une IA pourront manipuler plusieurs dispositifs tout en étant plus conscients de l’environnement autour du robot que les commandes actuelles basées sur un joystick. Le système rappelle beaucoup les assistants vocaux des consommateurs comme Google Assistant, Siri d’Apple et Alexa d’Amazon, mais l’armée considère JUDI comme unique et distinct. Selon Marge, la plus grande différence est que les marques commerciales utilisent le cloud et de grands ensembles de données pour apprendre et se souvenir d’un très large éventail de tâches. JUDI s’appuie plutôt sur des données physiques et sur la formulation de ses ordres pour se spécialiser dans un nombre relativement restreint de tâches.
« Notre but ultime est de permettre aux soldats de faire plus facilement équipe avec des systèmes autonomes afin qu’ils puissent accomplir des missions plus efficacement et en toute sécurité, en particulier dans des scénarios comme la reconnaissance et la recherche et le sauvetage », a déclaré Marge. « Il sera extrêmement gratifiant de savoir que les soldats peuvent avoir des interfaces plus accessibles avec des systèmes autonomes qui peuvent évoluer et s’adapter facilement aux contextes des missions ».
Bien sûr, toute IA capable de mener à bien une mission de reconnaissance pourrait théoriquement être entraînée à des fins plus meurtrières. C’est exactement ce sur quoi l’armée russe travaille, en testant son propre assistant vocal à installer dans les drones de combat Marker, des tanks réduits qui vont sur les champs de bataille avec des humains. JUDI n’est pas destiné à être déployé sur les champs de bataille, du moins pas encore. Les deux programmes d’IA partagent le même but, à savoir combiner des entrées physiques avec des commandes en langage naturel pour effectuer des tâches. La Russie intègre également un assistant vocal nommé Rita dans les nouveaux avions de combat MiG-35, capable d’offrir des idées aux pilotes pendant le combat. Les expériences d’ajout de l’IA vocale aux robots militaires sont en train de devenir un phénomène mondial, même si d’autres pays s’y penchent moins.